Sadness and Liberty [Sasukiko]

Hey; je viens de vivre trois jours tristes comme décevant. Plusieurs choses me font penser que j'ai plus de mal à le dire qu'à l'écrire. J'ai du mal à croire ce qui m'arrive en ce moment. Pour la première fois de ma vie, je me décide enfin à agir et cette fois, j'ai ma mère de mon côté. Par où commencer ? Je vais commencer par écrire une page de mon Journal Intime, si vous le voulez bien.

Hier, dans le courant de la nuit, j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps, collée à mon coussin. Je n'en pouvais plus. En commençant par l'école qui m'exaspère, par la manifestation que je dirige puis par nombreuses choses encore qui me font penser que ce système ne va plus, je termine à me demander pourquoi je suis ainsi, à me rebeller quand ça ne va point. Puis, je me demande si ça vient d'un de mes parents. Ma mère sûrement pas, elle ne s'affirme pas assez pour comprendre cela. Je me tourne donc vers mon père, c'est là que je me rappelle étrangement que c'est un rockeur pur sang qui fume des pétards toute la journée et qui boit autant de pierre que de bouffée d'air qu'il aspire. Comment expliquer le désarroi que j'ai vécu durant toute la nuit ? Comment penser que mon père me ressemblant tellement puisse me nier malgré sa conscience sachant que je suis là à ce point ? Je n'en peux plus, où est ce père que j'ai tellement envier ? Où est ce père sur lequel j'ai toujours voulu poser mes bases ? Où est ce père dont je voulais tellement avoir l'attention ?

Je ne le reconnais plus, ce n'est plus mon père, ça ne l'a jamais été. Le père que je connaissais était un romantique qui n'avait pas peur des pleurs de ma sœur et de moi-même. Où est-il bon sang ? Je le cherche, toujours, longtemps, pourquoi je ne le trouve pas ? Cette pièce est vide mais elle a l'air tellement remplie... je me sens perdue... quoi qu'il arrive, j'aimerais seulement avoir le regard de mon père. J'ai peur de lui parler, il a peur lui aussi, dès que j'essaie d'avoir une conversation, c'est comme si je ne lui avais rien dit. Mon dieu ce que j'aimerais pouvoir te retrouver Papa, mais je ne te reconnais plus, je ne veux même plus t'appeler Papa. Désormais, je n'aurai qu'à t'appeler Olivier, comme le fait si bien les autres membres de ton entourage. C'est ton Prénom, non ?

Ce matin, je me réveille avec une tête jusque par terre, des cernes plus bas que mes joues, des pleurs coulant de mes yeux refermés sur eux-mêmes. Je n'ai presque pas dormi de la nuit, et les quelques heures sur lesquelles je me suis posées, je les avais mal vécues. En commençant par le fait que j'ai des maux de têtes, terminant par le fait que je n'ai pas beaucoup de mobilité. Qu'ai-je fait pour tomber dans ce piège ? Quel sacrilège ai-je commis pour en arriver à de telles opportunités ? Ma mère est dans la cuisine, j'arrive devant elle, à la table du déjeuner. Mon père est déjà parti travailler. Mon chien vient poser sa tête sur mes genoux et je le caresse de ma main tremblante. Je pleurais encore, ma mère se mit devant moi et poussa un lourd soupir. Au début, je pensais qu'elle allait me faire une leçon de morale, comme d'habitude. Mais non, au lieu de ça, elle me dit exactement ce que j'avais envie d'entendre de sa part.

" Tu en as marre, hein ? " Je la regarde dans les yeux, mais pas la peine de lui répondre, elle continue déjà et me déballe tout ce que je m'étais dit durant la nuit. " Moi aussi, je veux que ça change, ton père a du mal à vivre aussi, on est tous dans le même bateau mais en attendant, je me sens totalement impuissante, je ne sais rien faire contre lui, il est beaucoup trop intégré dans ce système, qui lui-même est bâti depuis trop longtemps mais en attendant, je ne sais rien faire, alors si tu as une proposition, j'ai les bras grands ouverts, je t'écoute. " Moi, dans mon siège, je ne sais rien lui dire, je commence à essuyer mes larmes et me mord les lèvres, je commence de ma voix brisée, " En fait, j'avais bien quelque chose dans la tête... au point d'en rêver cette nuit. " Elle m'a regardé, prête à m'écouter, et je continuai, " Je voudrais qu'on fasse nos valises, toi, moi et Juliette, qu'on parte, qu'on aille chez Catherine et Lysbel, je veux plus continuer comme ça, c'est invivable, ici. "

Voilà, ainsi je me retrouve chez Catherine, 15h, et je pleure encore, j'ai quitté mon père, en lui laissant une lettre, lui expliquant que je n'en peux plus, que je n'ai plus envie de vivre ainsi. Le 2 Mars, je vais en France, dans le Sud de la France, je ne sais plus tellement où, mais j'y vais pour une durée indéterminée, mais sûrement longtemps. A cause que je ne sois pas chez moi, je ne pourrais peut-être pas venir souvent... voir jamais.